L’usage du drone sur la fouille Animas Altas (PAAA IP 2024) – Juillet 2024

Par Lucas Romagnoli,

Durant 5 semaines, j’ai assisté et participé aux fouilles archéologiques du Programme Archéologique Animas Altas, Ica, Pérou (PAAA IP 2024) dirigées par l’archéologue Aicha Bachir Bacha. Ce programme étudie la civilisation Paracas, dans la vallée du Rio Ica. D’après Aicha Bachir Bacha, « le territoire d’Animas Altas était contrôlé par un groupe capable de se rassembler et de s’unir à travers des liens politico-religieux » (Nuevas evidencias y nuevas perspectivas sobre la cultura Paracas : una introducción, Jalh Dulanto y Aïcha Bachir Bacha, 2013). Le site d’Animas Altas sur un territoire plat et entouré de collines. Le climat est désertique aride.

Les Paracas vécurent entre 800 avant JC et 100 après JC. Ils furent d’ingénieux architectes utilisant des matériaux simples (adobes, remblai, argile naturelle). Ils bâtirent des plateformes, des pyramides et des géoglyphes. Les Paracas avaient également développé un savoir médical (trépanation crânienne). La culture Paracas est connue pour ses textiles et sa céramique. Sur le site d’Animas Altas, les activités publiques et cérémoniales se concentraient au nord du site, tandis que la partie sud était destinée aux activités domestiques et de production d’objets. Le programme cherche à comprendre comment vivaient les Paracas, dans la vie quotidienne et lors d’évènements culturels particuliers.

Mes missions, confiées par Madame Bachir Bacha, étaient : participer et s’initier à la fouille archéologique, relevé photogrammétrique en drone et traitement des données. La méthode de documentation de la fouille avec un drone par la directrice du programme, une méthode adaptée aux conditions du chantier de fouille. N’ayant jamais piloté ce type de drone, José Avalos Rodriguez, membre de l’équipe du PAAA IP, pilote de drone et ingénieur en génie civil m’a formé durant une semaine et demie. José ne pouvait être présent que les 2 premières semaines de la fouille. Je devais ensuite prendre la relève. Ses explications détaillées m’ont permis de comprendre rapidement le principe de la photogrammétrie.

Le vol en drone (Phantom 4 PRO appartenant a l’IFEA) nécessite une préparation méticuleuse. Des points de référence sont disposés sur le site. Ils servent au calage des photos lors du traitement des données. Ils doivent être continuellement maintenu en état sur le terrain (chaux). La zone de travail est survolée dans le sens nord/sud puis ouest/est.

Lors de la 1ère partie du vol, l’intégralité de la zone doit être relevée (comprenant tous les points de référence). Aussi, pour assurer le traitement des données qui suivra, les zones à l’extérieur du périmètre doivent être photographiées (sur 5 à 10 m).	Lors du second vol, seule la zone de fouille peut être relevée. La vitesse du drone ne doit pas dépassé 1 m/s pour un vol à 10 mètres d’altitude. Cette vitesse permet d’assurer un nombre convenable de photos.

Un relevé en drone prend 30 à 45 minutes, durant lequel le chantier ne peut avancer. Il s’agit d’un moment important de la journée de travail. Dès la fin du vol, les photos prises doivent être vérifiées pour valider la bonne qualité des photos et leur superposition. A partir de la 3^ème semaine, j’assurais donc les vols en drone. Les après-midis étaient consacrés au traitement des données photogrammétriques du matin. J’ai dû prendre en main le logiciel Metashape (avec les conseils de José Avalos Rodriguez). Ce logiciel permet le traitement des données photogrammétriques. Il établit un modèle 3D et un nuage de points.

En parallèle de l’archéologie, l’usage des drones s’est développé dans le génie civil, domaine que j’étudie à l’université. J’ai donc cherché à comprendre comment ses nouvelles compétences peuvent être mises à profit dans mon secteur. C’est au début des années 2010 que les premiers relevés topographiques sont réalisés en drone. Le gain de temps conséquent qu’offre cette technologie a incité les experts du BTP à développer leur usage. Leur maniabilité et la combinaison prise de photos/relevé altimétrique offre un champ d’action important avec notamment le développement de la photogrammétrie dans la conservation du patrimoine (châteaux, ouvrages d’art, barrages hydrauliques…). Le drone facilite l’inspection à distance et permet une meilleure réactivité en cas détérioration d’un ouvrage. L’essor de la modélisation 3D est un autre atout des drones : intégrations paysagères, BIM…

Pour conclure, nous observons une généralisation de l’usage du drone, notamment en archéologie. Les dessins sur ordinateur sont réalisés plus rapidement, essentiel sur des fouilles de courtes durées, mais sont également plus précis (création de visuel 2D et 3D).

 

 

---

---